Pour introduire le cours, nous avons utilisé trois planches de bandes dessinées: la couverture du tome 1 de Jacobs, Le Mystère de la Grande Pyramide", la planche 52 du tome 2 de cette même histoire et la planche 9 de Martin, Le Prince du Nil (voir bibliographie)
La planche d'Alix contient une première bande générale, où une ville majestueuse a été installée au bord de l'eau. Sur la rive, un chantier.
Une seconde vue d'ensemble s'offre au lecteur depuis le regard des protagonistes.
Une troisième bande dévoile la construction d'une pyramide.
Une quatrième se décompose en trois vignettes, vue très rapprochée, effet de zoom, avec pour lien entre les vignettes, le regard d'Alix.
Ce premier travail de desciption permet tout d'abord de préciser le fonctionnement d'une planche de bande dessinée, d'utiliser du vocabulaire spécifique et du vocabulaire photographique, d'aborder la construction de la planche.
Autre possibilité: introduire le cadre où se dérouleront les aventures du héros.
Ce cadre est triple: naturel (l'eau, le Nil, le désert, la chaleur, la rive verdoyante); humain (une ville, des chantiers, des activités de transport, des groupes humains); religieux (la pyramide)
Aussitôt, nous nous sommes jeté sur la carte historique du livre, accompagné d'une chronologie pour situer dans le temps et dans l'espace la scène décrite.
Ce qui a permis de délimiter dans le temps la civilisation égyptienne et de remarquer qu'Alix vit à la fin de cette période. Mais le nom donné à la ville par l'auteur demeure une énigme: le même nom désigne la capitale de l'Egypte au Moyen Empire, ce qui ne peut correspondre, à moins que l'auteur suggère que "ses" Égyptiens voudraient reconstruire une ville peut-être devenue mythique.
Après avoir délimité la période étudiée, nous l'avons rempli et avons essayé d'en deviner le devenir "politique" grâce à la planche 52 du tome 2 de "Le Mystère de la Grande Pyramide".
Cette planche contient une bande composée d'une seule vignette très intéressante à commenter: elle présente les invasions successives connues par l'Égypte: un soldat incarne chaque conquérant (Perse, Grec, Romain, Arabe), ce qui oblige les élèves à les situer dans le temps et à deviner que cette bande fonctionne comme une chronologie.
L'arrière - plan est unique: les pyramides de Gizeh. Voilà qui est intéressant! En effet: elles subsistent d'une invasion à l'autre, peut-être fascinantes pour tous ces conquérants...
Et n'avons-nous pas là deux temps de l'histoire, deux rythmes chers à Braudel ?!
Pourquoi ces pyramides résitent-elles donc, se demandent les élèves ?
Nous avons alors réfléchi sur la couverture du tome 1 de "Le Mystère de la Grande Pyramide" :
Dans les années 1950, le professeur Mortimer, égyptologue amateur, se retrouve au coeur de la pyramide. Il entre dans une salle inconnue, dont il fait peut-être la découverte. Un dieu est peint sur le mur, des hiéroglyphes sont dessinés, des chauves-souris d'envolent dès que la lumière apportée par le professeur fait irruption, un cobra au pied de la plance, etc.
Remettons ces éléments dans l'ordre: cobra et chauve-souris servent à créer un premier plan donc un effet de profondeur. Mortimer a le visage effrayé, mais est-ce par le dieu qui occupe un tiers de la planche ? les élèves remarquent alors que l'ombre de Mortimer n'est pas la sienne: quelqu'un d'autre déjà là, menaçant le professeur.
Nous avons presque tout ce qui a fait l'histoire des pyramides après la civilisation égyptienne: un égyptologue amateur, un pilleur de tombe (Olrik), des murs richement décorés signifiant, mais aux connaissances perdues, des dangers et des sacrilèges (le pilleur, le cobra, les chauves - souris, les dieux), une ambiance plus mystérieuse que scientifique !
Pourquoi l'Égypte fascine-t-elle à ce point ?
Dieux, pharaons, hommes, voici la trilogie à étudier, à expliquer.